Avec les smartphones nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la photographie et, en particulier en ce qui concerne la gestion de la profondeur de champ… En effet beaucoup de ces « téléphones photographiques » ont, par exemple, un mode portrait qui va « flouter » le fond de l’image à l’aide du logiciel embarqué. Ils font appel de plus en plus à l’intelligence artificielle (IA) afin de détecter les différents éléments de l’image. D’autre part, outre le logiciel inclus dans le système d’exploitation des smartphones, il y a la possibilités d’acquérir des APPS permettant de vous aider à vous rapprocher du comportement d’un bridge ou d’un réflex.
Cette photo à été prise en mode normal. Jessy est à environ 60 cm de l’objectif. La focale est de 6mm (équivalent 52mm plein format), ouverture f/2.8. Le capteur est un 1/3″. On a donc un point net le plus proche à 50cm et un point net le plus éloigné à 75cm. Si l’on observe bien l’image, on s’aperçoit que la tête de la chienne est nette et que le sol, ainsi que le mur, les poils de la queue sont « presque nets », mais ils sont, en fait déjà hors de la zone de netteté. Celle-ci diminue, mais très progressivement.
L’APP utilisée pour prendre ces deux photos (qui sont en fait la même) crée deux versions de l’image lorsque l’on photographie en mode portrait. La première, celle de droite, sans traitement logiciel et la seconde (ci-dessus) avec une simulation de profondeur de champ plus courte qu’elle ne l’est réellement. On voit très bien que le sol et le mur sont plus flous. Par contre les poils de la queue de Jessy n’ont pas été traités et conservent le même « taux » de flou que sur l’image de droite. le logiciel les a considéré comme faisant partie du portrait et non du fond.
Dans le cas de la gestion de la profondeur de champ purement optique, le changement de la zone de netteté apportée par une plus grande ouverture de diaphragme (ce qu’a voulu simuler le logiciel) aurait également eu un impact sur la queue de l’animal.
Dans cet article, je propose de laisser de coter les APPS tierces et les modes particuliers proposés par les APPS présentes de série sur les différents smartphones.
Sur les smartphones et également sur les bridges, vus avez en général le possibilité de zoomer au delà de la focale de l’objectif. Attention, ceci est un zoom numérique… C’est à dire que l’agrandissement de l’image se fait de manière logicielle, il y a extrapolation de données et perte de qualité de l’image. Je vous déconseille d’utiliser le zoom numérique. Recadrez plutôt l’image en post-production.
Dans les faits nous avons :
Ces différents paramètres, pour un smartphone, ont tendance à nous donner une distance hyperfocale relativement courte. Si nous prenons le cas d’un smartphone avec un capteur 1/3″, une focale de 4mm (environ 28mm plein format) ayant une ouverture fixe à f/1.8, nous obtiendrons une distance hyperfocale de 2,20 mètres.
Si l’on prend un exemple d’un portrait de votre animal de compagnie qui se trouve à 2,20 mètres de vous, votre image contiendra des objets nets dès 1,10 mètre et jusqu’à l’infini… Difficile dans ces conditions d’obtenir une image amenant le regard à se concentrer sur le minois du plus bel animal du monde… à vos yeux, en tout cas… Seule solution, mettez votre animal, et priez-le de prendre la pose, devant un fond uni ou alors, rapprochez-vous très près de lui à environ 60 cm… Mais attention aux déformations dues à un grand angulaire. Si votre smartphone est équipé de plusieurs objectifs, réglez le pour utiliser celui qui a l’angle de champ le plus petit.
Etudions la table suivante pour un smartphone avec un capteur 1/3″, focale de 4mm , ouverture f/1,8 :
Nous pouvons faire les constations suivantes :
- Avec un sujet à 2 mètres, nous avons déjà un point net le plus éloigné à 19,60 mètres. A 2,20 mètres, l’hyperfocale ce point est à l’infini. L’obtention d’une courte profondeur de champ est limitée aux prises de vue avec un sujet situé à moins de1,55 mètres qui donne déjà une profondeur de champ de 5,10 mètres.
- Quant au point net le plus proche, à partir de 2 mètres, quelque soit la distance du sujet. il est difficile d’obtenir un premier plan raisonnable pour créer un flou et en dessous de 2 mètres, votre sujet est forcément le premier plan, à moins que l’on travail avec des sujets de fort petite taille…
Avec un smartphone, sans APP spéciale, il est relativement difficile d’obtenir une courte profondeur de champ pour isoler un sujet, tant par un flou sur le premier que sur l’arrière plan.
Pour l’image ci-dessus, je m’en suis encore assez bien sorti, mais en utilisant l’objectif 6mm de mon smartphone qui a une ouverture de f/2,8. Le sujet se trouvant à environ 2 mètres, j’avais un point net le plus éloigné à 4,30 environ. Ce qui fait que l’arrière plan, à partir de la dame en rouge était, dans son entier, de légèrement à complètement flou. Par contre les parties de corps des deux compagnes de mon sujet principal sont nettes.
Si vous désirez exclure une zone nette qui pourrait déranger l’oeil du lecteur de l’image, essayez de changer votre point de vue. Par exemple, une vue en légère contreplongée peut, parfois, permettre d’exclure des objets dérangeants situés en bas de l’image.
La mise au point est faite sur le dossier de la chaise qui se trouve à la distance hyperfocale. La tasse orange se trouve à la 1/2 hyperfocale, cela veut dire qu’elle est le point net le plus proche. On a petit à petit rapproché la tasse verte de l’appareil photo. Sur écran il est difficile de se rendre compte de la différence de netteté de la tasse verte sur les différente distance… Alors, croyez-moi sur parole, ou faite l’exercice vous-même (ce qui est le mieux). Mais plus rapproche la tasse verte moins elle est nette (elle se trouve toujours à l’avant de la demi hyperfocale). La tasse orange, la tasse bleue, le dossier de la chaise et le mur sont parfaitement nets (ce qui est implicite puisque ces éléments sont tous au-delà de la 1/2 hyperfocale.
Ce que l’on constate, c’est que lorsque l’on photographie avec une mise au point à l’hyperfocale, avec un smartphone, c’est qu’il est difficile d’obtenir un flou suffisant amenant l’oeil vers le sujet principal situé dans le plan suivant (la tasse orange).
Pour cette image, la mise au point à été faite sur le casque rouge, du premier pilote, la distance de mise au point est de 20 centimètres. Cela nous donne une zone de netteté d’environ 4 cm.
Sur cette photo, la mise au point a été faite sur l’avant du véhicule, soit à 10 centimètres. La zone de netteté est d’environ 1 centimètre.
Avec de petits objets et une prise de vue rapprochée on peut arriver à avoir une faible profondeur de champ.
En conclusion, la gestion de la profondeur de champ avec un smartphone, sans aide logicielle, n’est pas aussi aisée qu’avec un réflex. Sur les 4 paramètres qui entrent en compte dans le calcul de la zone de netteté, 3 sont fixés par l’appareil et ne peuvent pas être modifiés : l’ouverture, la focale et la taille du capteur. Seule la distance de mise au point est de votre ressort. Et pour obtenir un effet de flou, il faut être proche du sujet. Ce n’est donc pas un mauvais exercice, pour les timides, entre autres, que de photographier avec un smartphone, cela les oblige d’aller au contact de leur sujet et de ne pas se réfugier derrière une longue focale.
La photo évolue, le smartphone est un objet que l’on a dans la poche, qui est « toujours prêt ». Le photographe doit évoluer aussi, s’adapter à ce nouveau type de matériel et accepter que certaines possibilités de mise en valeur de son sujet, qui se faisaient sur le terrain, soient cédées é l’intelligence artificielle (développée dans des labos pour nous simplifier la vie) ou, de passer plus de temps en post-production pour ajuster ses prises de vue à sa vision du sujet.
Avec cet article se termine notre série sur la profondeur de champ. Nous espérons que ces informations vous ont été utiles et que vous avez pris du plaisir à nous lire.
Dans nos cours en présentiel, non seulement nous voyons dans le détail la profondeur de champ, mais nous l’étudions au moyen d’exercices pratiques, de devoir pour la leçon suivante et par l’analyse en groupe des images résultantes. Vous trouverez les dates de nos prochains cours de base en cliquant ICI
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